Le droit au plaisir pour toutes...

Publié le par patricia-bertrand

 

Comptes Rendus du XIVème Congrès annuel de la Société Européenne de Medecine Sexuelle

Milan, Italie, du 1er au 4 décembre 2011.

Communications orales session PS 3 : Santé Sexuelle Féminine :

 Les femmes blessées médullaires (ou  paraplégiques)

Compte rendu par Jacques BUVAT, Lille, France.

Frédérique Courtois (membre de la Société Francophone de Médecine Sexuelle) et ses collaborateurs, de Montréal (Podium Session-PS–03-001), ont présenté leur approche clinique de l’anorgasmie chez les femmes blessées médullaires. Elle a d’abord rappelé que bien que les paraplégies soient associées à d’importantes perturbations sexuelles, la littérature montre que jusque 53% des femmes paraplégiques peuvent obtenir l’orgasme, tandis qu’une proportion plus élevée des hommes, 85%, peut éjaculer. Leur hypothèse de travail a été qu’on pouvait probablement diminuer cette différence entre capacités orgasmiques dans les deux genres en adaptant aux femmes le protocole clinique que leur équipe utilise chez les hommes paraplégiques pour augmenter leur capacité à éjaculer. Cette approche clinique étant basée sur une amélioration des conseils quand à la façon de se stimuler et à l’utilisation de nouveaux moyens de stimulation. Il s’agissait plus particulièrement de guider cliniquement les femmes paraplégiques dans la recherche de l’orgasme par une meilleure représentation mentale de leurs organes génitaux, et des conseils plus efficaces quant aux procédés utilisables pour la stimulation génitale.

L’étude a porté sur 30 femmes qui présentaient des lésions situées entre la 4ème vertèbre cervicale et la 4ème lombaire, et avaient de 18 à 69 ans. Leur sensibilité périnéale a été évaluée au moyen de touchers légers, de pressions, de la perception vibratoire, et de la sensibilité à la douleur. Puis une stimulation dirigée a été réalisée à l’aide d’un stimulateur Ferticare (un appareil qu’on peut facilement se procurer en France, et que nous utilisons pour obtenir l’éjaculation, chez les sujets anéjaculateurs, et particulièrement les hommes paraplégiques en vue de procédures d’Aide Médicale à la Procréation). Lorsque le résultat était négatif, la stimulation était poursuivie en association à des doses croissantes de Midodrin (5 à 20 mg). Les résultats obtenus par l’équipe Canadienne montrent que l’évaluation de la sensibilité périnéale permet d’aider la femme à améliorer la perception sensorielle de sa vulve (85% des femmes paraplégiques) et l’utilisation de différents moyens de stimulation sexuelle sous la direction du thérapeute a permis à 79% des femmes d’obtenir l’orgasme. La survenue de l’orgasme a été authentifiée par différentes mesures somatiques telles que l’augmentation de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque.

Au total les résultats de cette étude confirment que les femmes paraplégiques peuvent obtenir l’orgasme, et que la proportion de celles qui l’obtiennent peut être augmentée jusque environ 80% lorsqu’elles sont coachées cliniquement. Ce taux de succès est comparable à celui obtenu dans le traitement de l’anéjaculation des hommes paraplégiques. Il n’existe donc pas de différence nette entre les genres quant à la possibilité d’obtenir un orgasme, à partir du moment où femmes et hommes paraplégiques bénéficient du même programme d’aide sexuelle

 

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